Le numérique représenterait aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone en France. Un usage immodéré des technologies liées au numérique aurait ainsi un impact écologique non négligeable en termes de changement climatique, d’épuisement des métaux et des ressources fossiles.
Côté courrier électronique, 333 milliards de messages (hors spam) ont été envoyés chaque jour dans le monde en 2022. Le chiffre pourrait grimper à 392 milliards en 2026 (voir les chiffres de l’e-mail). Peut-être est-il temps d’ajuster nos comportements ?
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Point de vue écologie, quel est l’impact du courriel ?
Difficile de mesurer précisément l’impact environnemental d’un e-mail.
- En juillet 2011, l’ADEME (Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) s’y était essayé au travers d’une étude (téléchargeable ici) commandée auprès d’un groupe d’experts. Cette étude montrait que les impacts environnementaux provenaient essentiellement de l’appareil utilisé pour consulter les mails (consommation électrique, production et fin de vie des composants électroniques) et du stockage des données sur les serveurs.
Selon cette même étude, qui a longtemps fait référence, envoyer un e-mail de 1 Mo à 1 personne équivalait à la consommation de 25 Wh, soit 25 min d’utilisation d’une ampoule de 60 W. Soit une consommation d’énergie fossile équivalente à 6 g de pétrole et l’émission de 20 g de CO2. Sur la base de 20 mails par jour, cela représentait annuellement par personne en émission de CO2 l’équivalent de 1000 km parcourus en voiture. Des chiffres qui se sont avérés largement surévalués. - En 2022, l’ADEME a revu sa copie. Selon l’agence, un e-mail simple émet l’équivalent de 4 g de CO2, un e-mail avec pièce jointe 35 g et un spam 0,3 g. Selon le calculateur ImpactCO2.fr, 140 mails avec 1 Mo de pièce jointe par semaine émettent 8 kg CO2 par an, soit l’équivalent de 37 km en voiture. On est loin des 1000 km de 2011.
En résumé, l’impact annuel de vos e-mails sur la planète est équivalent à un aller-retour en voiture pour aller faire vos courses ou un repas avec un steak. Vous participerez donc davantage à la lutte contre le réchauffement climatique en multipliant les déplacements à vélo ou en mangeant mois de hamburgers qu’en supprimant quelques mails par-ci par-là. Cela dit, cela ne doit pas vous dispenser d’avoir une bonne hygiène numérique et de nettoyer votre boîte mail régulièrement. Tous les gestes comptent !
Comment réduire l’impact écologique de l’e-mail ?
Outre le choix d’un ordinateur plus respectueux de l’environnement (certifié par exemple par l’écolabel européen ou ENERGY STAR) et adapté à son profil d’utilisateur, il est recommandé par l’ADEME ces quelques mesures pratiques très simple.
1. Stocker en local
Le stockage des messages sur les serveurs consomme de l’électricité. Dans le monde, les centres de stockage des données (data centers) consomment 1.5 % de l’électricité mondiale, soit l’équivalent de la production de 30 centrales nucléaires. Et comme ils sont majoritairement alimentés par des centrales au charbon, ils sont responsables de 2% des émissions de CO2 (source GreenPeace). Il est donc recommandé, autant que possible, de stocker les informations sur des disques durs ou en local, plutôt que sur des serveurs.
2. Nettoyer régulièrement sa boîte mail
Plus un courriel est conservé longtemps sur un serveur, plus son impact sur l’environnement est négatif. Pourquoi donc garder des messages dont vous n’aurez plus jamais besoin ? Prenez l’habitude de supprimer vos messages plutôt que de les archiver et nettoyez régulièrement votre boîte de réception, en supprimant les spams et vidant la corbeille.
[savoirplus]Nettoyer sa boîte mail, Supprimer ou archiver les e-mails ?[/savoirplus]
3. Limiter l’envoi des pièces jointes
Vous vous apprêtez à envoyer une ou plusieurs pièces jointes ? Envoyez plutôt un lien, afin de réduire la taille du message. La planète vous en sera reconnaissante.
[savoirplus]Envoyer de gros fichiers par e-mail[/savoirplus]
4. Ne pas multiplier les destinataires
Envoyer un mail à 10 destinataires multiplie par 4 l’impact sur le changement climatique, a calculé l’ADEME. Efforcez-vous donc de ne pas multiplier le nombre de destinataires (demandez-vous si chaque destinataire a vraiment besoin de recevoir votre message) et évitez ainsi une utilisation intempestive et non maîtrisée du courriel.
5. Imprimer avec modération
Enfin, cela va s’en dire : pour économiser de l’encre, du papier et de l’électricité, n’imprimez vos messages et pièces jointes qu’en cas de nécessité
[savoirplus]Bien imprimer ses e-mails[/savoirplus]
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Bonjour à tous,
je suis responsable informatique d’une petite structure et par ailleurs membre d’une structure familiale qui exploite des bois, et enfin, je suis très sensible aux sujets écologiques.
– tout d’abord je pense qu’un mail simple sans pièce jointe et envoyé à un nombre raisonnable de destinataire n’est pas du tout l’enjeu ici. Combien de société recourent encore au bien inutile mailing? Combien de collègues envoie des présentations powerpoint par email? L’impact de ces deux actions a un facteur 1000 ou 10000 par rapport à un email simple. Par rapport à ces mailing, je ne vois personnellement pas de solution, il faut arrêter ce type de pratique, qui est souvent automatiquement détruit à l’arrivée. Le cas des newsletter est à part, mais seulement celles où l’on a choisi de s’abonner. Quant aux powerpoints, il y a trop de moyen de faire des liens (dropbox, onedrive, google drive, nextcloud, wetransfer, etc.), il suffit d’y penser et on soulage son empreinte carbone,
– ensuite avec le télétravail, on voit beaucoup de développement du chat: peu de gens réalise à quel point un chat est plus léger qu’un email. La première raison est qu’il est partagé, contrairement au mail ou la copie envoyée et la copie lue sont distinct et double ou triple la quantité de donnée et de traffic, dans le chat, il n’y a qu’une copie, y compris si il y a 25 destinataires où le facteur de gain est encore augmenté. Pour la même raison, une pièce jointe par chat a systématiquement une empreinte au moins deux fois moindre que par email. Ensuite on ne signe pas par chat, c’est plus simple.
– et finalement une dernière réflexion sur le papier : le papier n’est pas forcément nuisible, et notamment le papier issu de forêts de développement durable. Dans ce type de forêt, les plans (les très jeunes arbres) sont plantés en surnombre et feront l’objet d’une à deux éclaircies (l’élimination du surnombre) au bout de 5 ans (ce sont les chiffres pour le pin maritime, les autres essences doivent être similaires). Ces éclaircies sont souvent vendues en « trituration » c’est à dire pour du papier, cela permet de financer l’entretien de la forêt, notamment pour les petites exploitations (le cas d’une majorité de propriétaires) qui sont peu rentables. L’encre est par contre assez nuisible à ma connaissance, mais imprimer n’est pas aussi mal qu’on veut bien le dire (et à condition de faire attention d’où vient son papier).
Le spam c’est une vrai catastrophe. Quand je vois la quantité de spam qui arrive chaque jour dans la boite email je me dit que rien que ça, ça correspond à beaucoup de pollution. Du coup, l’idéal est de choisir une boite email qui à un bon antispam et de ne pas garder les emails inutiles.
Sinon j’ai trouvé deux sites qui ont une démarche intéressante pour l’écologie via les mails : http://www.ecomail.fr et http://newmanity.com. Autant faire un petit quelque chose que de ne rien faire!
Honnêtement je suis vraiment atterré de voir ces réactions qui consistent à se demander « pourquoi ferais-je un effort si mon voisin n’en fait pas »… A quoi rime cette logique ? A se donner bonne conscience en se disant que d’autres font pire que soi ? Il faut arrêter deux minutes et se poser les bonnes questions. Comme l’ont dit justement certains, cet article a le mérite de faire prendre conscience que contrairement à l’idée reçue, les communications électroniques sont également sources de consommation d’énergie (et pas toujours d’énergie dite « verte »), au même titre que nos appareils électroménagers qu’on prend soin d’éteindre après utilisation (du moins je l’espère !).
A notre petit niveau d’être humain lambda, nous ne pouvons faire que des petits gestes et ils sont tous bons à prendre. Alors pourquoi chercher à se justifier de ne pas les faire sous prétexte que certaines personnes/organismes doivent faire d’autres efforts à leur niveau propre ? Je ne vois pas le bienfondé de conditionner ses efforts à l’accomplissement de ceux des autres, c’est vraiment faire preuve de mauvaise volonté si ce n’est carrément de jalousie.
Ouahou !
C’est édifiant !
D’autant que la cop 21 a lieu ces derniers jours …
Une astuce probablement simple et efficace, cessons d’ajouter des signatures à rallonges avec des disclamers, des numéro de tel à rallonge, et même parfois des images incluses (donc du stockage) intitulées « pensez à la planète – n’imprimez pas ce message »… Qui visiblement, est contreproductif puisque si le mail est imprimé cela fait du papier en plus, et s’il est stocké cela fait aussi de l’équivalent CO^2 …
Un très bon article !
Merci
Vincent